13
mai
5H45

Charlie Dalin : « l’impression d’être en état de grâce »

Vers 3h00, dans la nuit de jeudi à vendredi, le skipper d’APIVIA s’est amarré au ponton et a pu savourer la victoire. Il est ensuite revenu sur sa course, évoque ce bateau qui « le surprend toujours » et pense déjà à la suite, à un mois de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne. 

 

Qu’as-tu ressenti en franchissant la ligne ? 

Je me sens heureux, heureux d’avoir gagné cette course. C’était vraiment intense ! Dès le début, ça s’est bien passé pour moi. J’ai réussi à prendre la tête tout de suite avant une belle bagarre avec Thomas (Ruyant) et Jérémie (Beyou). J’ai fait une nuit blanche la première nuit pour récupérer du vent de sud-ouest. Ensuite, le vent est rentré et j’ai attaqué et tiré fort sur le bateau pour aller le plus vite possible. Lors de la 2e nuit, entre le Fastnet et le way-point Gallimard, j’ai pu dormir, d’autant que je savais que la nuit suivante, c’était celle du front. Et la 3e nuit, avec les changements de voile et les manœuvres, je n’ai pas dormi. Après, il y a eu la remontée avec cette dorsale qui m’a bien aidé et a fermé la porte derrière. 

 

« L’année ne pouvait pas mieux commencer » 

 

Comment décris-tu cette course et tes sensations ? 

Cette Guyader Bermudes 1000 Race s’est extrêmement bien passée. J’ai eu l’impression d’être en état de grâce pendant toute la course. C’était comme si tous les éléments étaient réunis. J’avais un bateau fiable et performant que je connais sur le bout des ongles. En météo, je me suis plutôt bien débrouillé et j’ai toujours eu un peu de réussite quand il le fallait. C’est ma première victoire en solitaire en IMOCA de ma carrière, la 4e du programme depuis 2019. L’année ne pouvait pas mieux commencer !

 

Avez-vous la sensation d’avoir changé depuis le dernier Vendée Globe ? 

Je sens une vraie différence depuis que j’ai franchi la ligne aux Sables d’Olonne. J’avais énormément appris et je me sens désormais extrêmement à l’aise dans la gestion du bateau et les manœuvres. Je sais tout de suite ce qu’il faut changer comme réglages pour aller plus vite. Dans ma gestion du sommeil aussi, ça n’a rien à voir. J’ai l’impression de ne plus être le même marin et je sens que j’ai beaucoup plus d’expérience. Il ne faut pas oublier que la dernière fois que j’étais tout seul sur ce bateau, c’était à l’arrivée du Vendée Globe. À la Guyader Bermudes 1000 Race, quand l’équipe a quitté le bateau au départ, je me suis retrouvé à nouveau tout seul. Et le solitaire, le fait de gérer ses manœuvres et son rythme tout seul, c’est ce qui me fait le plus vibrer. J’ai pris beaucoup de plaisir sur cette Guyader Bermudes 1000 Race. 

 

« Ce bateau me surprend encore » 

 

On sent beaucoup d’émotion chez vous… 

Oui, parce que c’est une victoire, parce que c’est la raison de notre travail, parce que c’est ce qui explique que l’équipe se bat tous les jours pour faire progresser le bateau. Ils se donnent sans compter tous autour de moi afin qu’on aille plus vite, qu’on détermine les bons réglages et qu’on trouve les solutions pour avancer. Le travail a payé et ce succès, je le dois à une super équipe qui me permet d’avoir un bateau aussi fiable et performant.

 

Quelles ont été les moments de plaisir pendant cette course ? 

Il y en a eu plein ! Je citerais le départ puisque ça m’arrive parfois de les rater. Je pense aussi au passage du Fastnet : il y avait d’ailleurs des gens sur le phare et je les ai salués. Hier soir, j’étais sous Code 0, le bateau partait en surf et il arrivait à maintenir une vitesse très élevée… Ce bateau, même si c’est la 4e année que je navigue dessus, il me surprend encore. Il y avait une dizaine de nœuds de vent et il arrive à rester trente secondes à 17 nœuds !  Je me faisais la réflexion : ce bateau est dingue !  

 

Quel regard portes-tu sur le reste de la flotte ? 

Il y a eu une belle bagarre avec Thomas (Ruyant), Jérémie (Beyou) et Nicolas (Lunven) lors de la première nuit. Ça m’a rappelé un peu les années Figaro où on se battait dans les zones de transition en se demandant qui récupérera du vent le premier. Ensuite, la flotte s’est étirée et l’écart s’est creusé. 

 

Quel est ton programme pour les semaines à venir ? 

Dès la semaine prochaine, on va attaquer la préparation de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne qui commence dans un mois. Ça va être le plus gros morceau de l’année en matière d’engagement physique. L’objectif majeur c’est la Route du Rhum mais la course plus dure, ce sera « l’Arctique » !