11
mai
20H03

L’épilogue est tout proche !

Après avoir débordé le way-point Gallimard en milieu de nuit dernière, achevant ainsi un long bord de près éprouvant pour attaquer un dernier segment de portant plutôt rapide, les leaders de la quatrième édition de la Guyader Bermudes 1000 Race Brest – Brest sont attendus sur la ligne d’arrivée ce jeudi entre 19h et 21h. A quelques heures du dénouement final, le suspense reste entier, même si, depuis le contournement de la dernière marque, le duel qui se joue entre Jérémie Beyou et Franck Cammas (Charal 2) puis Thomas Ruyant et Morgan Lagravière (FOR PEOPLE), depuis le passage de la marque virtuelle « Tout Commence en Finistère » lundi après-midi, semble tourner à l’avantage de ce dernier. Celui-ci affiche en effet un bonus d’une vingtaine de milles sur son adversaire direct, ce qui pourrait lui permettre de finalement transformer l’essai tout à l’heure… et ainsi d’inscrire son nom pour la première fois au palmarès de l’épreuve.

« Le passage du way-point Gallimard a été une vraie libération ! Fini de champ de bosses, place au portant ! Le bateau fait du bruit mais il va vite et, surtout, il est à plat ! », a commenté Julien Pulvé (Maître CoQ V), soulagé, comme l’ensemble de ses concurrents, d’en avoir terminé avec le long bord de près qui les a menés de la bouée « Trophée Région Bretagne » jusqu’à la marque virtuelle au nom de la célèbre maison d’édition. « Aller dans le même sens que le vent et que les vagues, c’est vraiment agréable », a confirmé Sam Goodchild (FOR THE PLANET) qui fait, comme tous les autres, désormais route directe sur la ligne d’arrivée située à l’entrée du goulet de Brest, au portant, à près de 20 nœuds de moyenne. « On fait fréquemment des pointes à 25-27 nœuds. Ce bord, qui s’apparente à un grand run de vitesse, fait du bien au moral, surtout avec deux lièvres à proximité. Ça maintient la niaque et le rythme », a ajouté le co-skipper de Jean-Marie Dauris qui continue de jouer des coudes avec Initiatives Cœur de Sam Davies et Damien Seguin, mais aussi, depuis cette nuit, avec Paprec Arkéa de Yoann Richomme et Yann Eliès. Confronté à la fois au décollement de panneau sur un ballast et à l’arrachage de ses supports de vérins de pilote, ce dernier a nettement changé de rythme depuis le passage de la bouée Gallimard, et ainsi laissé filer la troisième place qu’il se disputait jusqu’alors avec FOR THE PLANET de Sam Goodchild et Antoine Koch. « Sans pilote, on se retrouve à devoir barrer en permanence. Une solution de réparation aurait été possible bien sûr, mais elle aurait pris tellement d’heures. On a donc choisi de continuer sans, en alternant les quarts avec Yann », a relaté le double vainqueur de la Solitaire du Figaro et de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Class40. « C’est décevant mais c’est aussi ce qu’on est venu chercher. On est venu essayer de trouver les défauts de jeunesse du bateau et il se trouve qu’il y en avait un, effectivement. On va terminer la course avec plein de choses à réparer mais ce n’est que du bon pour la suite. Le but, dans l’immédiat, terminer le mieux classé possible », a souligné Yoann Richomme.
 

De la concentration et de l’engagement jusqu’à la fin

Contrarié lui aussi par des petits problèmes techniques, le duo de Charal 2 qui a débordé la marque virtuelle Gallimard en milieu de nuit dernière seulement 16 petites minutes après FOR PEOPLE, a également concédé du terrain à son principal rival. En effet, après avoir régulièrement échangé avec lui la première et la deuxième places depuis lundi, le tandem Jérémie Beyou – Franck Cammas s’accroche autant que possible mais voit son écart se porter à 19,5 milles ce jeudi après-midi. « Depuis le passage du Fastnet, on est pénalisés. Le bateau n’est plus à 100%. C’est un peu difficile mais on fait avec », a relaté le skipper de Charal 2 qui continue, malgré tout, d’imprimer une grosse cadence, bien conscient que tant que la ligne n’est pas franchie, tout reste possible, même si son concurrent ne lâche rien. « On met beaucoup d’engagement. On se relaie dans le cockpit sans discontinuer depuis le départ. On ne prend pas beaucoup de temps pour nous et j’avoue qu’on commence à être bien fatigués. On découvre notre bateau au large dans de la mer avec Momo. C’est vrai qu’on a une sacrée machine mais il faut vraiment être dessus car elle est extrêmement exigeante », a indiqué de son côté Thomas Ruyant dont le plan Koch – Finot Conq mis à l’eau en mars dernier n’en finit pas de faire forte impression et semble être en train de prendre une option sérieuse pour la victoire de cette quatrième édition de la Guyader Bermudes 1000 Race Brest-Brest. Une édition dont l’épilogue est donc attendu dans une poignée d’heures maintenant. Entre 19 et 20 heures selon les derniers routages, le vent étant prévu de faiblir en fin de journée puis de s’orienter progressivement au nord puis au nord-est d’ici à demain avec, en prime, une phase de molle en milieu de nuit prochaine. De quoi, peut-être, prolonger le suspense à certains étages du classement !

Ils ont dit :

Sam Goodchild (FOR THE PLANET) : « On vise la maison et ça fait du bien après notre long, long, long bord de près hier. On attaque pour essayer de rester devant. Devant ils sont assez loin mais si l’un d’eux commet une erreur, on sera là pour en profiter. Vu la distance, ça paraît compliqué mais on reste à fond pour prendre ce qu’il y a à prendre. A bord, tout va bien. On est content de la manière dont on navigue et dont on fonctionne en duo avec Antoine (Koch). On communique beaucoup pour trouver la meilleure performance du bateau et pour progresser avec lui. »

Scott Shawyer (Canada Ocean Racing) : « Malgré notre dérive cassée, nous ne nous laissons pas abattre.  Nous avons été déçus de voir nos concurrents sur leurs bateaux à dérive, qui se rapprochaient de nous, abandonner. Mais nous sommes heureux que tous les membres des équipages aillent bien et n'aient que des problèmes mineurs et nous sommes impatients de les affronter à nouveau bientôt.
Le fait que Benji (Monnoyeur - Duo For a job) soit si rapide nous a permis de rester motivés, mais en regardant le tracker, il est maintenant trop loin devant. Pour nous, l'objectif principal est d'atteindre la ligne d'arrivée de notre première course IMOCA. Nous avons montré que nous avions de bonnes performances dans le petit temps face à tous les bateaux et que nous pouvions tenir tête aux bateaux à dérives, nous sommes donc heureux d'avoir atteint nos objectifs. »

Alan Roura (Hublot) : « Encore quelques heures avant de passer la dernière marque du parcours. La marque tant attendue pour du vent portant enfin, on espère. C’est un casse-tête à bord pour savoir quelle voile mettre et perdre le moins de temps possible sur ce dernier bord. On a réussi à tenir les autres au près depuis hier. Ce n’est pas parfait mais c’est sauver les meubles dans ces allures compliquées avec le bateau. Le vent est très instable, on est en position de force sur Benjamin car au vent c’est ce que l’on voulait sur le bord de près. Ça fait mal de voir les autres s'envoler sur le retour et ne pas avoir eu la chance de jouer avec eux sur ce coup-là. Un goût amer d’une confrontation quasi nulle avec les bateaux de notre génération. Les premières 24h nous ont mis dans le jus et on a dû passer dans une position de chasseur avec le couteau entre les dents depuis le début. La course est loin d’être finie il y a encore une place à gagner j’espère, on va tout mettre en place pour y arriver et malgré les écarts on sera dans un classement cohérent avec notre bateau. L’ambiance à bord est bonne, on fait des rotations toutes les 3 heures en moyenne ça fait des gros quarts, mais du vrai repos pour celui qui est sous la couette… eh oui car ce n’est pas encore l’été ici, purée ça caille. Vivement de franchir cette ligne juste pour pouvoir changer de chaussettes. Autant dire que nous sommes dans les mêmes habits depuis le départ, ça commence à sentir. »

Gérald Veniard (La Mie Câline) : « On a désormais passé le way-point Gallimard et on se dirige vers Brest. Il fait tout gris. On a eu une nuit un peu agitée parce qu’on a eu de gros soucis électriques. En fait, trois disjoncteurs sautaient au tableau électrique. On ne comprenait pas trop pourquoi. Il se trouve que c’était l’ordinateur. On s’est retrouvé sans écran, sans AIS et sans caméra sous-marine. En réparant, j’ai fait sauter un truc et le bateau est parti à l’abattée. Ça n’a pas été simple mais deux heures et demie plus tard, on est reparti à peu près en mode course et à peu près dans la bonne direction. On se relaie pour faire quelques dodos et être en forme pour la dernière ligne droite. Tout va beaucoup mieux depuis qu’on fait route directe vers la ligne d’arrivée. On sera à Brest demain au lever du jour si on arrête d’avoir des petits soucis. Ça devrait bien se passer ! »

 
 1. FOR PEOPLE (Thomas Ruyant – Morgan Lagravière) le 10 mai à 23h58’40 en 3j 09h 58 min 40s
2. Charal 2 (Jérémie Beyou – Franck Cammas) le 11 mai à 00h15’29, 16 min et 46 s après le premier
3. FOR THE PLANET (Sam Goodchild – Antoine Koch) à 3h39’46, 3h 41min 06s après le premier
4. Paprec Arkéa (Yoann Richomme – Yann Eliès) à 5h08’46, 5h 10min 06s après le premier
5. Initiatives Cœur (Sam Davies – Damien Seguin) à 5h11’11, 5h 12 min 31s après le premier
6. Maître CoQ V (Jean-Marie Dauris – Julien Pulvé) à 5h19’45, 5h 21min 05s après le premier
7. La Mie Câline (Arnaud Boissières – Gérald Veniard) à 10h49’54, 10h 51min 14s après le premier
8. Hublot (Alan Roura – Simon Koster) à 12h13’13, 12h 14min 33 s après le premier
9. Monnoyeur – Duo for a Job (Benjamin Ferré – Pierre Le Roy) à 13h41’09, 13h 42 min 29s après le premier
10. Canada OCean Racing (Scott Shawyer – Ryan Barkey) 16h19’11, 16h 20min 31 s après le premier